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0.0 hrs last two weeks / 38.2 hrs on record
Posted: 26 Nov, 2021 @ 4:28pm
Updated: 7 Apr @ 1:52pm

Que c'est pénible de ne pas pouvoir mettre une note "moyenne" à un jeu sur Steam. Comme au final je suis assez mitigé par l'expérience proposée par ce Tomb Raider, et qu'il me tardait vraiment d'en avoir terminé sur la fin pour écluser les derniers succès/trophées, je vais opter pour un vote négatif.

Globalement, la plastique du jeu est assurée par des environnements superbes, offrant parfois des panoramas saisissants, surtout bien sûr si vous disposez du matériel adéquat (grand écran, RTX & co.). L'ambiance sonore est léchée, on est plongé sans aucun problème dans l'Amérique du Sud. Côté musique, l'essentiel est assuré : quelques notes sont parfois sympathiques sans que cela ne soit transcendant ni que vous ayez envie d'écouter la BO du jeu.

S'agissant de la réalisation, c'est propre, c'est travaillé, c'est soigné, c'est attendu pour une franchise de l'ampleur de Tomb Raider. Question jouabilité enfin, la prise en main se fait plutôt bien même si certains éléments mal pensés nous rappellent que le jeu est à la base étudié pour la console.

Ça fait pas mal de points positifs, et je sais bien que nombre de joueurs y ont trouvé leur compte avec ce Tomb Raider. Mais me concernant, nombre d'éléments ont plombé mon expérience de jeu et ont fait qu'aujourd'hui je ne le recommanderais qu'à moitié, voire pas du tout.

Déjà, les contrôles. On ne comprend pas pourquoi il faut appuyer sur TAB pour afficher la carte et ECHAP pour la fermer. Pourquoi pas la même touche ? Mystère. De la même manière, la course avec SHIFT est concurrencée par le changement d'épaule, ce qui fait que si vous vous amusez à courir en visant pour aligner les têtes comme tout bon joueur de FPS sait le faire, vous serez de temps en temps gêné par le changement d'épaule et de caméra. Les contrôles, ça se reconfigure, je sais, mais pour correspondre à des habitudes plutôt que pour corriger des incohérences.

Et en parlant de contrôles, parlons des phases d'escalade. Vous aussi, vous aurez beau aller lentement (surtout dans le mode de difficulté le plus relevé), vous allez rater quelques sauts. Car il faut bien suivre le chemin qui est tracé et faire les choses comme l'ont pensé les concepteurs. Le jeu nous ramène sans cesse à son côté linéaire et dirigiste. Et donc on se surprend à ne pas pouvoir accéder à certains endroits avec un saut simple car "c'est pas par là", voire à mourir parce qu'on croyait prendre un raccourci mais "c'est pas par là non plus". Ce côté hyper dirigiste façon jeu de plateforme à l'ancienne est en contradiction totale avec l'approche open world que le jeu propose par ailleurs. Pénible et incohérent.

Et justement, passons maintenant à ce qui m'a le plus frappé dans ce jeu : son manque de cohérence, d'imagination narrative et d'intelligence. Le scénario du jeu n'offre ainsi absolument aucun rebondissement : les méchants sont les méchants, les gentils sont les gentils, point barre. N'imaginez même pas des personnages complexes, torturés par des motivations contradictoires : tout est cousu de fil blanc et ça en devient risible. D'ailleurs, si vous voulez passer les cinématiques (car elles n'ont pas d'intérêt), dommage pour vous : si on peut passer certains dialogues, beaucoup sont obligatoires, parce que c'est comme ça.

Du coup, en jouant à Shadow of the Tomb Raider, vous jouerez au jeu du "Oh bah ça alors, comme c'est pratique" ou encore "Tiens donc, je l'avais pas du tout vu venir". Ça arrive bien sûr tout le temps lors des phases d'escalade pour que par le les chemins s'ouvrent à vous de façon fortuite. Mais pas seulement : l'histoire est bourrée d'heureux hasards aussi (la rencontre avec Abby, non mais franchement !). Bien pire : la cité de Païtiti, sensée être complètement isolée du monde (elle est d'ailleurs surnommée la cité perdue), a ses habitants... qui y parlent parfaitement l'anglais ! Comment Etzli a-t-il appris la langue de Shakespeare alors même qu'à la fin du jeu, il nous précise vouloir en apprendre plus sur le monde extérieur ? Il ne faut pas chercher à comprendre.

D'ailleurs, s'agissant des langues, le summum est de choisir l'option censée être immersive où les PNJ utilisent leur langue natale pour s'exprimer. On assiste alors à des dialogues surréalistes où Lara parle en anglais... et son interlocuteur dans sa langue natale ! Mais tout va bien, tout le monde se comprend sans que cela ne choque personne.

Revenons-en aux protagonistes de l'histoire. C'est simple, Jonah et les autres ne servent absolument à rien. Vous pourrez ainsi surprendre ce même Jonah en train de fixer avec panache une étagère ou un mur, pendant que vous faites tout le boulot lors de la résolution d'énigmes. Et cette logique d'isolement du joueur est tellement régulière que cela en devient ridicule : tout au long de l'histoire, vous aurez droit à divers prétextes trouvés pour que Lara fasse cavalière seule. Pourquoi amener des personnages et élaborer un semblant d'histoire si c'est pour passer son temps à trouver des excuses pour que notre protagoniste puisse être débarrassé de boulets ? Sans doute pour s'éviter des efforts sur l'immersion et l'IA...

Car, l'IA, parlons-en : c'est un désastre. Je passe les animaux (moches et mal animés) qui tournent en rond et reviennent vous voir même si vous avez décimé tous leurs congénères il y a quelques instants. Non, je veux parler des soldats et autres ennemis sujets aux éliminations furtives (celles que vous allez faire le plus, de loin). Lara va donc pouvoir éliminer "furtivement" ses ennemis en étant par exemple "cachée" dans l'eau ou dans la végétation sans aucune difficulté : les adversaires sont aveugles, sourds, pas coordonnés et font tout pour se faire cueillir en venant bien sûr les uns après les autres vers vous. Plutôt que de camper sur leurs positions et vous laisser prendre l'initiative en restant à couvert, ils marchent gentiment vers vous, sont bruyants et se livrent continuellement, pour un balai d'éliminations toujours plus débiles. Au moins, on rigole lors de ces phases tellement les ennemis sont stupides.

Au passage, cette IA déplorable, c'est sans doute aussi ce qui permet à Lara, toute caucasienne qu'elle est, de passer inaperçue en territoire ennemi à Païtiti avec juste un masque sur la tête (et son anglais bien sûr), sans que cela n'éveille les soupçons des gardes (qui lui répondent dans leur langue).

Je termine par la technique. Globalement, le jeu n'a pas beaucoup de défauts de ce point de vue là : on a parfois des ennemis qui disparaissent par enchantement, ou des éclairages malmenés car on a fait demi-tour (dirigisme, quand tu nous tiens). Rien de bien méchant. Cela dit, j'ai tout de même été bloqué lors d'une énigme car... j'avais trop de FPS (sic). Ce sera sans doute patché ultérieurement, mais sur le coup, c'est vraiment perturbant et c'était une première me concernant.


Bref, pour conclure, voici un jeu qu'on appréciera uniquement si on pose le cerveau, pour se laisser porter en profitant des magnifiques environnements sans chercher la cohérence. Et à tarif autant que possible réduit bien sûr.
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