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37.4 hrs last two weeks / 53.5 hrs on record
Posted: 16 Nov @ 6:43am
Updated: 16 Nov @ 6:57am

L'aventure de ce FPS en monde ouvert s'ouvre alors que nous voilà jeune na'vi, arraché à notre tribu par la RDA pour une expérience à l'issue incertaine. Rapidement, grâce à un certain Jake Sully, notre protagoniste est plongé seul dans la jungle foisonnante de Pandora pour devenir le nomade Sarentu qu'il aurait dû être...

D'emblée, Avatar: Frontiers of Pandora impressionne par sa beauté, avec une faune omniprésente et une flore luxuriante, sublimés par des effets météo saisissants. L'écosystème est dense et fidèle aux films : mystérieux et intrigant le jour, lumineux et enchanteur la nuit. Grâce à la vue subjective, l'immersion est totale et le plaisir de se perdre dans cette végétation est grisant, d'autant que l'ambiance sonore est formidable. Associés à une musique réussie, les sons de Pandora nous enveloppent en effet de toutes parts et font vibrer la nature environnante : ça bruisse, ça croît, ça gigote, ça murmure... Les fondamentaux cosmétiques du jeu sont extrêmement solides et dépeignent un univers crédible, dans lequel il ne sera pas rare de croiser des na'vi, parfois à dos d'Equidius ou d'Ikran près des camps.

Avec son intrigue convenue, le scénario s'inscrit dans la lignée des films : la prise de risques est inexistante et les péripéties se repèrent à l'avance. La RDA campe un antagoniste cupide, uniforme et manichéen, face à une résistance diversifiée et naturellement bienveillante. Le message écologique manque toujours autant de subtilité, c'est regrettable mais reflète là encore l'esprit de la saga imaginée par James Cameron.

Le jeu se parcourt sans véritable challenge, le maître mot ici est l'accessibilité. Notre na'vi est un athlète qui se meut avec aisance, pouvant escalader, courir, bondir ou nager sans s'épuiser. L'arsenal est limité à un fusil d'assaut, un fusil à pompe et différents arcs, et la montée en niveau s'effectue surtout en fonction de l'équipement sélectionné. Rien n'est conçu pour frustrer le joueur : les soldats et méchas de la RDA ont tendance à vous oublier et à vous ignorer pourvu que vous fassiez vos éliminations à l'arc. La progression est fluide et la carte indique même la majorité des éléments à collecter.

Passé une dizaine d'heures de jeu, si le charme de l'esthétique opère toujours, on commence à tourner en rond. Les quêtes annexes, génériques, s'amoncellent et la campagne principale conserve son caractère prévisible. Les innombrables activités proposées à côté font figure de remplissage. Un peu partout sur la carte, il faudra encore et toujours faire les mêmes choses : dépolluer des usines semblables, réactiver des laboratoires partageant la même configuration, contribuer aux camps na'vi, toucher des plantes ou champignons spéciaux, ou interagir avec divers artefacts. Si cet écueil est légèrement corrigé par le DLC "Briseur de Ciel", dont l'aire de jeu sert davantage l'histoire que de prétexte à des occupations redondantes, on aurait préféré que le jeu priorise des quêtes bien écrites plutôt qu'un empilage d'activités pour meubler notre temps. Effectuer cinq fois le redémarrage d'un laboratoire passe encore, mais trente ? À chaque arrivée dans un nouveau biome, on admire ses somptueux et surprenants décors depuis notre Ikran, puis la féerie laisse place à l'ennui, la faute à une formule Ubisoftienne qui sent le réchauffé, et ce jusqu'aux missions de la campagne principale dont le manque d'inventivité est navrant (la quête "Union des forces" ouvre même carrément des portes en fonction de votre avancée pour faire apparaître les ennemis par vagues !).

Les cinquante heures qui m'ont été nécessaires pour finir le titre à 100% ont été entachées par sept (!) crashs (retours au bureau sans message d'erreur), un softlock et des textures clignotantes par trois fois, m'obligeant systématiquement à relancer le jeu. C'est un record de bugs difficilement justifiable, car Frontiers of Pandora était initialement programmé pour accompagner la sortie en salles de La Voie de l'eau mais a été retardé d'un an. Ajoutez à cela divers soucis plus ou moins gênants comme des hélicoptères qui disparaissent, l'animation de récupération d'items qui se joue même quand l'inventaire est plein, des barres de progression d'objectif détraquées, un LOD erratique dans le biome des plaines, quelques fautes d'orthographe et du texte resté en anglais... C'est à se demander si la recette du jeu a été confiée au stagiaire de BFM. Ces problèmes techniques sont stressants car le système de sauvegarde automatique utilise un emplacement unique.


Annoncé comme un jeu quadruple A, Avatar: Frontiers of Pandora incarne la quintessence du produit made in Ubisoft. Si la forme est spectaculaire, grâce à des graphismes exceptionnels, une ambiance sonore envoûtante et une interface soignée, tout cela ne fait qu'enrober un fond sans saveur, composé d'une histoire banale et d'un contenu fade, plombé de tâches répétitives, le tout saupoudré d'imperfections techniques. Pour les amateurs de l'univers de Pandora, le jeu vaudra probablement la chandelle. Pour les autres, il s'agit d'un énième monde ouvert sauce Ubisoft, qui revêt cette fois le costume bleu d'Avatar. Vous regretterez moins les défauts du titre en l'acquérant soldé.


Remarques complémentaires :
- L'installation d'Ubisoft Connect est indispensable pour lancer le jeu.
- La promotion des DLCs vient parasiter une interface utilisateur soignée, qui parvient même à reléguer l'inévitable boutique à un onglet discret.
- Jake Sully sert de point de départ à l'histoire, mais on ne le croisera jamais.
- Le jeu ne reprend aucun des environnements aquatiques d'Avatar 2.
- À l'instar des films, le jeu se veut tout public, ne comportant aucune effusion de sang.
- Contrairement aux films, les na'vi du jeu frisent l'androgynie, au point que seule la voix permet de distinguer un mâle d'une femelle. Production Ubisoft oblige, vous pouvez créer un avatar non-binaire, certains personnages répondent au pronom Iel, et le jeu introduit le premier couple homosexuel de la franchise, avec une femme aux traits masculins et une autre aux cheveux violets (vive les stéréotypes !).
- Les bases regorgent d'explosifs pour facilement tout faire sauter... Vive les armées qui laissent des matériaux dangereux à proximité des troupes !
- Un arc et des flèches suffisent pour démanteler une base, car nos traits sont plus dévastateurs qu'un missile ou des balles.
- Les soldats morts à l'intérieur de leurs AMP ressemblent à des mannequins figés.
- En de rares occasions, les soldats éliminés continuent de gémir.
- Lorsque l'on chevauche un Equidius, notre personnage garde les bras ballants sur les côtés, ne sachant qu'en faire. On privilégiera, cela dit, systématiquement l'Ikran (acquis très tôt dans le jeu) pour se déplacer efficacement par les airs.
- On s'écrase parfois avec une pointe d'agacement quand notre monture ne nous rattrape pas de certaines chutes.
- Chaque objectif doit être manuellement marqué pour figurer sur la boussole d'entête, afin de ne pas avoir recours aux sens na'vi, une capacité déjà surexploitée pour scanner les alentours.
- Les limites de la carte du DLC "Briseur de ciel" sont moins marquées que celle du jeu de base ; on se retrouve souvent avec un message d'avertissement lors de nos explorations.
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4 Comments
Ccf 16 Nov @ 12:37pm 
@cdie en effet la comparaison se tient, car Avatar suit complètement le cahier des charges standard d'une production Ubisoft.
cdie 16 Nov @ 11:46am 
Merci pour la review ! Si tu devais le comparer à un "Far Cry" skinné, tu dirais qu'on en est loin ou assez porche ? C'est une des critiques j'avais lu qui le comparait à Far Cry - Avatar
Ccf 16 Nov @ 6:59am 
Merci @Ricoh GRIIIx !
Ricoh GRIIIx 16 Nov @ 6:49am 
Belle review :anlpmsg: