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0.0 hrs last two weeks / 104.2 hrs on record (92.7 hrs at review time)
Posted: 13 Oct, 2023 @ 12:34pm
Updated: 19 May @ 4:00pm

Starfield est un RPG passable aux mécaniques datées, qui propose néanmoins de quoi s'amuser sur la durée, pourvu qu'on s'accommode de ses partis pris.


Dans Starfield, vous allez faire évoluer un personnage semblable à celui des autres explorateurs des étoiles. Les compétences à débloquer, benoîtement rangées dans des catégories génériques, ne font émerger aucun arbre qui puisse vous permettre de façonner un avatar précis. Le jeu de Bethesda est à des années-lumière d'un Cyberpunk 2077 où chaque nouvelle partie se joue différemment. Starfield fait dans l'accessibilité, il vous faudra juste choisir quelles compétences prioriser au début. Et contrairement à The Outer Worlds, les décisions cruciales sont rares : dans Starfield, soit on fait le bien et on pourra faire les quêtes de nos acolytes, soit ils nous lâchent à force d'aller à l'encontre de leurs idéaux. Le jeu vous dicte donc même l'alignement moral à suivre. Passé un certain cap, tout le monde joue un capitaine de vaisseau avec peu ou prou les mêmes aptitudes maîtrisées, pour voguer d'un écran de chargement à l'autre.


Ces courts temps de chargement, systématiques à chaque changement de zone, ont le don de briser l'immersion et sont typiques des mécaniques éculées made in Bethesda. Globalement, Starfield incarne l'archétype du jeu reposant sur une recette à l'ancienne. Vous allez faire quelques années-lumière simplement pour dialoguer de visu avec un personnage car en 2330, l'humanité a conquis les étoiles mais les smartphones en ont fait les frais (et les tablettes ne valent pas mieux que des notes manuscrites). Le level design est lui aussi classique : chaque fin de mission vous récompense par une caisse spéciale débordante de matériel de qualité, et vous propose un raccourci pour revenir à l'entrée des lieux visités. Ces codes désuets du gaming (qui correspondent ceci dit à la direction artistique rétro-futuriste du jeu) peuvent convenir à ceux qui y verront une forme de réconfort, car tout est évident puisque conventionnel.


Du côté de l'histoire, la quête principale a été pensée pour favoriser l'exploration. Sans surprendre, elle donne suffisamment envie de progresser en prêtant attention à la direction prise par la narration. Les quêtes de faction sont quant à elles bien plus intéressantes, car mieux écrites, en plus de proposer des phases de jeu variées. Toutes ces missions seront autant d'occasions de naviguer d'un astre à l'autre, pour apprécier le gigantisme du terrain de jeu et la diversité des territoires à découvrir. La richesse des environnements proposés permet au joueur de profiter de l'aspect contemplatif de Starfield : la faune – plus que la flore – est diversifiée et assez inventive, même si on finira par retrouver des créatures et des plantes déjà aperçues ailleurs à force de fouler le sol de corps célestes. Les extérieurs flattent souvent la rétine, avec leurs panoramas qui permettent de s'évader, surtout ceux dépourvus de vie où on se sent vraiment ailleurs. On en oublierait presque les points d'intérêt agglutinés autour de la zone d'atterrissage d'un biome.


Côté gameplay, c'est du FPS, donc vous allez empiler les cadavres d'étranges créatures mais surtout de bandits de l'espace disséminés dans des grottes et autres repaires. Et si vous pourrez toujours tenter une approche discrète pour éliminer furtivement les premiers pirates d'un lieu, vous serez quasiment systématiquement amené à jouer de vos pétoires devant le volume considérable d'adversaires. Heureusement, les armes procurent de bonnes sensations, leurs animations sont réussies et aucune ne ressemble à un jouet en plastique. En vidant ces endroits de leurs occupants, on scanne constamment l'environnement pour collecter des objets pouvant permettre de modifier son équipement, tout en déjouant de nombreuses serrures via un ingénieux mini-jeu de crochetage. Ce manège sature régulièrement l'inventaire, d'autant que vous aurez parfois du mal à vous délester de votre camelote, les marchands suffisamment fortunés étant rares.

Starfield propose également la construction d'avant-postes. En prenant la peine de récolter les bonnes ressources tout en menant les recherches adaptées pour débloquer les modules adéquats, il y a de quoi se confectionner un petit chez soi douillet sur l'astre de son choix, en étant seulement limité par la superficie et un maximum constructible. L'érection d'avant-postes reste cependant optionnelle et surtout utile pour engranger de l'expérience. En effet, aucune mission n'est liée à ces infrastructures : dommage, j'aurais apprécié devoir remettre en état un avant-poste en attendant d'être secouru. Côté construction toujours, celle de vaisseaux jouit d'une rare flexibilité. On pourra regretter un aspect "LEGO" qui prive les vaisseaux d'une véritable identité : impossible de reconnaître une marque à sa seule apparence comme dans Star Citizen, mais c'est le prix à payer pour la modularité. Notez qu'à l'instar des avant-postes, vous pouvez faire le jeu en ne touchant pratiquement pas à cette mécanique.


Pour conclure, je dirais que les aspects RPG de Starfield sont anecdotiques, le jeu étant surtout un FPS d'exploration spatiale. La construction de bases et de vaisseaux pourra en occuper certains pendant des heures, quand d'autres n'y trouveront aucun intérêt. Le dernier-né de Bethesda s'adresse a priori à la génération de joueurs ayant grandi avec The Elder Scrolls, car elle trouvera dans ses mécaniques vieillies des repères rassurants pour parcourir le jeu en toute simplicité. Les autres risquent en revanche de soupirer, trouvant Starfield trop mou, monotone, fade et pas assez immersif.


Autres remarques :
- Les points d'intérêt que sont les grandes villes ont davantage la superficie de villages.
- Les quêtes sont compartimentées à l'ancienne : vous pouvez en laisser une en plan, en accomplir d'autres, puis revenir à celle laissée de côté sans incidence.
- Les romances sont basiques, leur seul intérêt étant le bonus d'XP qui suit chaque "repos" à deux.
- La musique du jeu est sympathique, sans être aussi exceptionnelle que celle d'un Morrowind/Skyrim (Jérémy Soule) ou même Star Citizen (Pedro Camacho).
- La plupart des PNJ qui peuplent les rues des cités sont laids.
- J'ai compté trois enfants sur tout le jeu, tous liés à des quêtes, et qui partagent étrangement la même apparence.
- Plus on explore de planètes, plus on y retrouve les mêmes structures.
- L'IA des adversaires fait souvent de la peine. Les ennemis crient leurs positions, accourent un par un, etc. Half-Life semble si loin...
- Nos compagnons ne peuvent pas mourir en combat, sans qu'on puisse paramétrer la façon avec laquelle ils se battent (agressif ou défensif). Ça peut être pénalisant lors d'infiltrations.
- La pirates portent des combinaisons semblables, on aurait aimé plus de variété d'autant qu'on va en rencontrer régulièrement.
- Les statistiques d'une combinaison lui sont propres : il faut choisir entre style et performances !
- Le jeu propose des armes contondantes mais sans intérêt. Elles ne peuvent pas être améliorées, et comme tous vos adversaires humains sont équipés d'armes à distance...
- On aurait préféré que chaque obtention d'un don/pouvoir se fasse via une énigme spécifique.
- La gravité n'affecte que la hauteur de vos sauts, pas votre vitesse de déplacement, ni la flore ou la faune. Des végétaux ou créatures peuvent être semblables sur des planètes aux caractéristiques opposées.
- D'une interface à l'autre, ce ne sont pas toujours les mêmes touches qui sont utilisées pour effectuer les mêmes actions !
- Le jeu supporte parfaitement le 21/9 mais le mode photo est limité au 16/9. Dommage, même si celles-ci sont utilisées lors des écrans de chargement.
- Sur mes 90+ heures de jeu, je n'ai pas eu le moindre crash, mais deux soft locks. Sauvegardez souvent !
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2 Comments
Ccf 20 Oct, 2023 @ 1:38pm 
C'est pour cette raison que j'ai commencé par ce point dans l'évaluation @Ishtar, car je me doute bien que ça peut être rédhibitoire. Mais après, pour filer ta métaphore, si le pain au lait n'est pas si mauvais, au final on peut s'en accommoder. Personnellement, avec Starfield, j'ai joué à un jeu Bethesda satisfaisant mais effectivement pas à un RPG.
ishtar 19 Oct, 2023 @ 7:01pm 
Je te comprend pas on nous vend le jeu comme un RPG (Skyrim dans l'espace), tu nous dis que ce n'est pas un RPG et tu mes un pouce bleu. Désoler mais perso quant j'achète un baguette je veux une baguette pas un pain au lait.