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게시 일시: 2023년 6월 18일 오전 4시 47분
업데이트됨: 2023년 7월 5일 오후 2시 55분

J'avais déjà terminé le jeu en version originale, et je me suis replongé dedans avec cette version Director's Cut pour voir ce qu'elle avait apporté de nouveau. Soyons honnêtes : pas grand-chose. Les nouvelles constructions sont peu utiles (le pont chiral est moins bien qu'une échelle à plat), l'ajout du circuit est une énigme et les nouveaux équipements sont dispensables à l'exception du buddy bot. Vous aurez certes le droit à de nouvelles missions pour explorer un peu plus la personnalité de Fragile mais, là encore, l'intérêt est limité. Notez quand même que les allergiques à la pub se réjouiront de la disparition des boissons énergisantes Monster au profit de canettes génériques.

Et si donc je trouve dommage que cette version Director's Cut, qui s'apparente davantage à un DLC, soit désormais la seule disponible, reste que Death Stranding en tant que tel est un monument du jeu vidéo. Si vous avez fait et terminé l'original, cette version ne vous apportera rien de concret. Si par contre vous n'avez pas encore découvert cet univers, il faut faire ce jeu.

Le scénario bénéficie d'une écriture maîtrisée et d'une réalisation exemplaire, l'univers est riche, l'ambiance post-apocalyptique unique, le gameplay novateur voire perturbant, le champ des possibles est impressionnant grâce aux constructions, la direction artistique cohérente et réussie, la bande-son sublime.

Au début de l'aventure, le joueur est perdu : l'univers qu'il découvre est vaste, étrange. Petit à petit, on prend conscience de l'ampleur des possibilités, grâce à une progression qui se fait de façon fluide pour que l'on soit amené à découvrir au fur et à mesure comment fonctionne tout l'arsenal dont on peut jouir. À aucun moment le jeu nous met devant une impasse en nous montrant un endroit qui ne deviendra accessible que plus tard via une nouvelle capacité.

Cette montée en puissance est grisante et se fait en accompagnant à la perfection la mécanique principale du jeu. Certes, on pourrait résumer Death Stranding à des quêtes de livraisons. Mais c'est faire abstraction du fond de l'histoire, à savoir (re)connecter ce qui reste de l'humanité, et puis surtout, c'est omettre que ces livraisons nous amènent continuellement à prendre un bâton de pèlerin pour partir débroussailler de nouvelles zones et chemins que l'on va baliser, à l'instar d'un alpiniste qui part en reconnaissance (ce qu'on finira d'ailleurs par être vers la fin du jeu).

Alors on progresse, on découvre, on tente, on explore et on s'aventure prudemment jusqu'à la prochaine étape, seul dans ce monde froid, hostile et dénudé, pour ne pas tomber au risque d'endommager sa cargaison ni se faire happer par des entités venues s'échouer dans ce monde post-apocalyptique dont les rares survivants vivent réfugiés dans des bunkers. Au fur et à mesure de notre progression, on bénéficie de telle ou telle nouvelle capacité qui permet de gagner du temps et/ou de nous faciliter la vie ici ou là, pour repenser et optimiser nos trajets. Au début, vous allez forcément tout faire à pieds, en crapahutant et en escaladant ce décor à l'allure islandaise auquel la musique de Low Roar (notamment) se prête parfaitement. Puis vous pourrez ensuite utiliser des véhicules, avant enfin de bénéficier du moyen de transport le plus efficace et rapide : la tyrolienne.

Pendant toutes ces phases d'exploration et de conquête de territoires, vous n'évoluez pas seul. Il y a certes d'autres porteurs et les survivants cloîtrés dans leurs bunkers. Mais il y a aussi les autres joueurs, qui vivent leur aventure dans leur altérité à eux, mais dont vous pouvez bénéficier des constructions ou de l'équipement. Comme autant d'univers parallèles aux plans entrecroisés, on aide les autres joueurs sans jamais les voir, on utilise leurs structures sans jamais les croiser, on les remercie à l'aide de likes parce qu'ils ont construit ici un pont, là un abri pour nous protéger de cette infecte pluie qui fait vieillir tout ce qu'elle touche, ou encore ont laissé un véhicule traîner. Tout cela s'inscrit parfaitement dans l'histoire du jeu où justement deux mondes entrent en collision, cela instaure une notion de partage et de connectivité (le maître mot du jeu) tout en permettant de vivre son aventure à soi.

Car malgré cette coopération entre joueurs, le scénario que vous allez vivre, vous, demeure bel et bien le vôtre. Et de quel scénario on parle ! Bénéficiant d'une écriture remarquable et d'un climax que vous n'oublierez pas de sitôt, ce n'est que dans les derniers instants que vous aurez le fin mot de l'histoire et que vous pourrez reconstituer toutes les pièces d'un sacré puzzle. C'est soigné comme on pourrait l'attendre d'un très bon film de SF (et ça en a d'ailleurs la longueur sur certaines cinématiques).

En résumé, Death Stranding vous propose de vivre une expérience vidéoludique novatrice à bien des égards. C'est un jeu à la fois rafraîchissant mais aussi déstabilisant, et vous devriez pouvoir déterminer dès la première heure de jeu si vous êtes fait pour poursuivre l'œuvre de Kojima. Il faudra peut-être faire preuve d'abnégation pour s'investir suffisamment et ainsi progresser dans l'histoire, mais ça en vaut la chandelle tant le scénario est du grand art et les mécaniques de jeu nouvelles.


Quelques défauts :
- Les commandes et interactions sont nombreuses et un brin perturbantes, et cela frise parfois l'incohérence : il existe par exemple deux options SYSTÈME, une accessible depuis vos menottes (via la touche TAB) et l'autre depuis la touche ÉCHAP. Si elles ont le même nom, elles ne font pas la même chose, et vous devrez exclusivement passer par vos menottes pour sauvegarder.
- On sauve les USA en nous donnant l'impression de sauver le monde : un peu cocasse pour un jeu imaginé par des japonais.
- Les réfugiés isolés (ou preppers) sont désignés par leur seule fonction distinctive (l'ingénieur, le musicien, le docteur, ...) et n'ont pas de prénom ou de nom. Un petit moins côté immersion.
- La reconnexion progressive au réseau chiral est un peu trop dirigiste quand il s'agit de reconnecter les scientifiques dans la montagne (qui ont étrangement tous leurs bunkers à quelques encablures les uns des autres).
- L'IA des ennemis humains (les Mules) est bien faiblarde, quel que soit le niveau de difficulté.
- On n'échappe pas, malheureusement, à quelques petites pirouettes bien pratiques en SF.
- Certaines cinématiques sont quand même un poil trop longues. La séquence sur la plage en particulier, qui reste cela dit un régal artistiquement : prévoyez le popcorn, il y en a pour deux heures !
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