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2
Consigliato
0.0 ore nelle ultime due settimane / 21.0 ore in totale
Pubblicazione: 2 mag, ore 10:45
Aggiornata: 2 mag, ore 11:23

Le champ des possibles des jeux élaborés par les français de Quantic Dream m'a toujours subjugué. Fahrenheit, Beyond: Two Souls et Heavy Rain sont des jeux qui ont eu le don de me happer par la puissance de leurs premières scènes, pour ensuite me passionner, me surprendre, me faire hésiter, me questionner. Le phénoménal Heavy Rain m'avait en particulier profondément marqué.

En m'attelant à Detroit: Become Human, j'étais donc déjà rompu à l'approche caractéristique de David Cage, avec ces arbres décisionnels aux ramifications poussées qui s'entrecroisent. À cet égard, parce qu'il vous permet d'ériger un récit qui vous sera propre, Detroit: Become Human transcende le cadre vidéoludique pour s'établir en une expérience narrative inoubliable qui mérite amplement les éloges qui lui sont faits, d'autant que le jeu soulève des questions sur l'altérité cybernétique et la symbiose homme-machine, mais aussi la stratification sociale jusqu'à la ségrégation.

L'intrigue prometteuse des débuts perd ceci dit en saveur vers le dernier tiers du jeu, pour laisser place à une opposition convenue entre humains et androïdes. Ce dénouement pourrait laisser poindre une pointe de frustration chez ceux qui auraient aimé mieux comprendre les arcanes de cet univers, car des questions cruciales resteront sans réponse, sans compter quelques ficelles bien épaisses (voir plus bas).

Certains trouveront peut-être ce jeu vidéo à la limite du vidéo jeu, où manettes et claviers se muent en télécommandes sensorielles pour que le joueur vive intensément le spectacle. D'autres reprocheront à l'écriture son manque de cohérence et ses zones d'ombre. Mais tous seront assurément conquis par cette direction artistique réussie, la finesse des graphismes, une bande-son magistrale, cette interface simple et immersive façon réalité augmentée, la mise en scène maîtrisée, certaines scènes spectaculaires et la justesse d'interprétation des acteurs.

Detroit: Become Human vous propose avec brio d'incarner des machines en tant qu'être humain, pour justement acter de leur humanité. Il n'est pas parfait, mais possède un potentiel de rejouabilité rare et bénéficie d'une qualité générale exceptionnelle. Difficile de ne pas être charmé.


Les faiblesses voire même maladresses scénaristiques (attention, divulgâchage !) :
- CyberLife est incarnée par Amanda dans le jardin intérieur de Connor. Mais quid dans la réalité ? Les magazines disséminés un peu partout mentionnent des personnalités de l'entreprise mais son ancien PDG est la seule personne que l'on rencontre. C'est selon moi la grande absence du jeu. De fait, on ignore par qui et comment sont remplacés les modèles RK800, à qui Connor fait "ses rapports" ou comment il est hacké à distance. Le jeu met l'accent sur le combat entre l'homme et la machine, mais en faisant de CyberLife une espèce de déité maléfique à la fois omniprésente et impalpable.
- Alice se voit servir deux repas qu'on ne la verra jamais manger... Et pour cause ! C'est malhabile voire malhonnête, car on sait que les androïdes ne mangent pas (le frigo vide de Rupert est par exemple un indice quant à sa nature).
- L'obsession pour rA9 présentée comme étant la clé de la déviance est éconduite d'un revers de main par Elijah Kamski, car en éliminant Chloé pour en apprendre davantage, on se retrouve avec une réponse évasive... Plus de profondeur sur l’androïde mythique, premier candidat à l'éveil, eut été la bienvenue, pour comprendre ce qui rend possible la déviance de certaines machines.
- Les androïdes coûtent plusieurs milliers de dollars. Comment un camé sans emploi comme Todd a pu s'en offrir plusieurs ? Même remarque s'agissant de Carlos Ortiz.
- Le joueur doit s'employer pour que Connor devienne un déviant, quand de son côté Markus peut convertir des centaines d'androïdes à distance d'un simple regard.
- North tombe amoureuse de Markus même si elle restera en désaccord avec toutes ses prises de position non violentes.
- Certains androïdes sont tués d'une seule balle en pleine tête. Lucy possède pourtant une tête évidée, suggérant qu'il ne s'agit pas d'une partie vitale. Les choses auraient été plus intéressantes si seule une balle en plein cœur permettait d'éliminer un androïde d'un seul tir.
- Les androïdes peuvent se parler par télépathie. Pourquoi alors utilisent-ils leur voix lorsqu'ils sont à deux, si ce n'est pour forcer l'humanisation des échanges ?
- Les androïdes déviants peuvent hacker un appareil au toucher, mais seulement dans certaines situations, sans véritable cohérence.
- Le personnage du fils de Carl avait du potentiel, dommage qu'il soit si peu exploité.

Autres commentaires :
- Certaines options de dialogue sont peu claires car trop concises.
- Les QTE gâchent parfois les scènes d'action, car le joueur doit se concentrer pour ne rien rater et cela peut empêcher d'apprécier la dynamique d'une scène. Paradoxalement, on se fait parfois surprendre par une interaction inattendue pour effectuer un simple mouvement : cela brise le déroulé cinématographique des choses.
- Quelques rares screamers sont franchement dispensables.
- La section bonus est riche d'éléments à débloquer. Les courts métrages en particulier sont une excellente addition.
- Neil Newbon possède une voix singulière, reconnaissable, et malheureusement utilisée pour doubler deux personnages secondaires importants.
- Les androïdes, même féminins, auraient dû être chauves pour que l'ensemble gagne en crédibilité (d'ailleurs, aucun androïde ne porte de barbe).
- Certains rares échanges entre Hank et Connor sonnent faux, car ils restent les mêmes que l'on ait pris de bonnes ou mauvaises décisions.
- L'une des marques de fabrique des jeux Quantic Dream est la place prépondérante qu'occupe la météo. Detroit: Become Human ne déroge pas à cette règle : les scènes calmes ou heureuses se font typiquement par beau temps et les plus angoissantes sous la pluie. Le caractère critique d'une situation n'a pas toujours besoin de la pluie pour s'affirmer, mais peut-être qu'il s'agit d'un clin d’œil à Blade Runner ?

Quelques pétouilles techniques :
- Je pensais profiter à fond de ce jeu-film sur mon écran large à 144 FPS, et ne m'étais même pas imaginé qu'il puisse en être autrement. Malheureusement, Detroit: Become Human est limité à 60 FPS (sauf en bidouillant un fichier du jeu) et il est surtout nativement limité au 16/9. Vous aurez donc de vilaines bandes noires sur les côtés en 21/9 et au-delà, à moins d'installer un mod.
- Il n'existe aucune option pour passer les cinématiques ou les dialogues déjà vus, entravant toute exploration rapide des scénarios alternatifs.
- Le jeu est magnifique mais ne propose pas de mode photo.
- Il arrive que les touches de déplacement s'inversent suite à un changement d'angle de la caméra.
- Un seul crash subi, mais un retour bureau quand même, avec l'erreur "VK_ERROR_DEVICE_LOST".
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